Moment partage
Quelques jours dans le centre de la France…
J’y suis allée pour la première fois il y a 30 ans à l’occasion de son mariage. Une image me revient souvent : je la revois fière dans sa belle robe blanche, installée à l’arrière d’une superbe voiture, un magnifique sourire aux lèvres… un stress énorme aussi mais qu’elle arrive assez bien à dissimuler.
Cette fois ci je l’accompagne pour rendre visite à ses parents, tous les deux malades. Sa mère est placée en maison spécialisée, elle ne marche plus, ne parle plus, a perdu la mémoire. Son père vit à la maison et est relié en permanence à une bonbonne d’oxygène. Il peut toutefois se déplacer dans la maison à l’aide d’un tube à rallonge (il refuse d’aller en maison de retraite).
Deux séjours complètement différents mais des émotions très fortes à chaque fois. L’événement heureux qu’est le mariage, son côté festif d’une part et, d’autre part, le bonheur de voir dans les yeux de sa mère qu’elle la reconnaît. Les larmes aussi lorsqu’elle la ramène passer une journée à la maison et ce pour la première fois depuis trois ou quatre ans,
« c’est sûr elle sait où elle est, elle a reconnu la maison, dès qu’elle l’a vue elle a pleuré »
Mais également la tristesse dans le regard de son père,
« je pense que ça fait de la peine à mon père de la revoir à la maison dans cet état, mais je ne sais plus qui privilégier »
De cette journée je garderai en mémoire le moment où, dans le salon, sa mère dans un fauteuil roulant, elle accroupie, elles se tiennent la main, se regardent dans les yeux et toutes les deux pleurent. Elle s’adresse à sa mère avec une extrême douceur et en souriant,
« tu vois tu es à la maison, regarde papa a gardé sur le meuble la photo où vous êtes tous les deux. Je vais te mettre devant la fenêtre pour que tu puisses voir toute la pièce, mais il faut qu’on arrête de pleurer toutes les deux sinon on va pas y arriver »
Je me souviendrai aussi de notre éclat de rire pendant qu’on promène sa mère, son mari ne comprend pas pourquoi, mais notre complicité lui est familière.
Cette étape de sa vie pourrait faire l’objet d’un récit, mais des récits de sa vie il pourrait y en avoir des tas, joyeux ou moins joyeux… Des épreuves elle en a eues et cela dès qu’elle est née, mais aussi pendant sa petite enfance ou bien le jour où elle apprend que… ou encore la naissance de son premier enfant…
Nous nous connaissons depuis 40 ans, nous partageons les joies, les peines et cela sera ainsi pour toujours. Nous avons évolué chacune à notre manière et il nous arrive de ne pas être d’accord, mais ce qui importe c’est ce lien très fort qui nous unit, et cela va au-delà de l’amitié… nous sommes sœurs de cœur.
J’admire sa bienveillance, l’intérêt qu’elle porte à l’autre, le caractère qu’elle s’est forgé et ce malgré les incidents de la vie. Elle a du mérite d’être devenue ce qu’elle est : une belle personne, pleine de gaieté, sincère et qui va de l’avant.
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